Le CRIUGM (CCSMTL), accueillait le 13 mars dernier une matinée d’échanges et de conférences portant sur les Arts, la Culture et la Santé, à l’initiative du Vice-rectorat aux partenariats communautaires et internationaux, du Vice-rectorat à la recherche, à la découverte, à la création et à l’innovation de l’Université de Montréal, de l’Université de Montréal via l’initiative Une seule Santé et du laboratoire de recherche AgeTeQ du Dr. Olivier Beauchet, gériatre et directeur de laboratoire au CRIUGM.
Cet évènement a été l’occasion d’une mise en lumière de la façon dont Arts et Santé peuvent s’entrelacer au bénéfice des populations, notamment les aîné·e·s. En effet, les recherches scientifiques tendent de plus en plus à le démontrer, l’Art participe au bien-être personnel, collectif et sociétal. Cette interaction bénéfique peut se déployer de façon plurielle : en jouant un rôle dans la prévention mais également dans la promotion de la santé; en influençant positivement la santé mentale; en consolidant la résilience individuelle et collective dans les situations d’adversité; enfin, en participant à façonner un sentiment d’appartenance au service d’une cohésion sociale renforcée (Organisation mondiale de la santé, 2019) *.
Afin de mieux explorer et valoriser cette relation dynamique entre Arts et Santé, les participant·e·s ont été invité·e·s à fédérer leurs énergies dans une perspective systémique et intersectorielle, en tant qu’acteurs et actrices aux expertises multiples et représentant·e·s de domaines éclectiques. Cet élan peut notamment s’incarner dans la recherche-création, la recherche-action ou encore la recherche partenariale. La naissance récente de la Chaire de recherche en économie créative et mieux-être (FRQSC) représente également un pas prometteur en ce sens. Plusieurs initiatives ont pu fournir à l’audience une illustration inspirante des potentialités qu’Arts et Santé peuvent générer quand conjugués. Pre. Ana Sokolovic (Faculté de Musique, UDEM) a par exemple présenté le projet de création d’opéra de poche actuellement en cours avec l’Opéra de Montréal, qui a pour aspiration de démocratiser cet art lyrique en repensant sa conception au-delà de la grande scène traditionnelle. Ainsi, il sera bientôt possible, grâce à la réalité virtuelle et à la réalité augmentée, de visionner directement des œuvres d’opéra sur tablette et à domicile : une perspective particulièrement réjouissante notamment pour les personnes âgées avec une santé fragile ou ne pouvant pas se déplacer par exemple. Le concept de prescription muséale (Dre. Hélène Boyer, GMF Saint-Louis du Parc) ainsi que la question du soin par la littérature pour des personnes ayant reçu une greffe (Pr. Simon Harel et Pre. Catherine Mavrikakis, Faculté des arts et des sciences, UDEM) ont également démontré avoir un impact positif sur la santé mentale et le bien-être. Une présentation par le Regroupement québécois de la danse (Mme Nadine Medawar, FQD) a elle permis d’expliciter la façon dont la danse permet d’agir sur le vieillissement du cerveau tout en améliorant la détection et la reconnaissance des émotions, pouvant aller jusqu’à se déployer concrètement sous forme de thérapie par le mouvement. Les échanges découlant de cette dernière initiative ont été l’occasion de rappeler les effets hautement bénéfiques de la danse pour les aîné·e·s en réadaptation. Danser permettrait notamment de réguler l’anxiété liée au risque de chute : certaines personnes âgées parviennent d’ailleurs à danser avant même de réussir à marcher à nouveau !
Le dialogue entre intervenant·e·s et participant·e·s a également été l’occasion de rappeler qu’en dépit du lien positif évident entre Arts et Santé, de nombreuses questions demeurent à approfondir. Il convient de mieux réfléchir la dimension opérationnelle de ce lien, en particulier s’agissant de rejoindre les publics concernés, patient·e·s, personnes malades isolées, personnes aînées à l’hôpital comme à domicile ou en hébergement. Le caractère complexe de l’interaction Arts-Santé a également été souligné : comme toute prescription il est ainsi central de prendre en compte les potentiels “effets secondaires” négatifs. Beaucoup d’enjeux restent donc à explorer dans le champ de la recherche pour mieux qualifier et comprendre les effets que les arts peuvent avoir sur nos santés. Une chose est en tout cas certaine, comme le résume le Dr. Olivier Beauchet : l’Art fait du bien!
* Fancourt D, Finn S. What is the evidence on the role of the arts in improving health and well-being? A scoping review. Copenhagen: WHO Regional Office for Europe; 2019 (Health Evidence Network (HEN) synthesis report 67).
Rédactrice : Léa Momméja, Agente de planification, de programmation et de recherche pour la mission universitaire sur la gériatrie et le vieillissement, IUGM