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Revue systématique de l’impact de la COVID-19 sur la santé des personnes âgées LGBTQIA+

Dr Alexander Moreno, chercheur clinicien associé au CRIUGM et professeur associé au Département de psychologie de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal a voulu comprendre la différence d’impact de la COVID-19 sur la santé des personnes âgées lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queer/en questionnement, intersexuées, asexuelles et ayant d’autres orientations sexuelles et formes d’expression de genre (LGBTQIA+).

Il a ainsi réalisé avec son équipe de recherche, Salima Belhouari et Alexane Dussault* une revue systématique des écrits scientifiques traitant de ce sujet. Cette démarche consistait à synthétiser de manière rigoureuse les connaissances afin d’identifier les facteurs de risque et de protection des personnes aîné·e·s LGBTQIA+ face à la maladie. Le but était également de développer un modèle pour la promotion de la santé et la prévention chez les personnes âgées LGBTQIA+ en tenant compte des enjeux spécifiques à la COVID-19 au sein de cette population.

Ainsi, 167 références ont été identifiées pour ce projet par trois bibliothécaires spécialisés en gériatrie et psychologie. Elles ont ensuite été triées de manière indépendante pour garder les études sur les personnes LGBTQIA+ âgées de plus de 65 ans et publiées après 2019 à l’aide du logiciel COVIDENCE. Au total, 21 articles répondaient aux critères d’inclusion et ont été retenus.

Les résultats démontrent des conséquences négatives de la pandémie sur la communauté LGBTQIA+ qui incluent une diminution de leur santé physique ou encore des défis psychosociaux. Le manque d’accès aux services de soins spécialisés et un isolement social important ont été soulignés comme des problèmes spécifiquement vécus par les personnes âgées LGBTQIA+ durant la pandémie. En effet, les personnes âgées LGBTQIA+ doivent par exemple faire face à l’homo/transphobie, à l’âgisme au sein de leur communauté ou encore à l’hétérocentrisme des services de santé dans leur démarche d’accès aux soins.

Les aîné·e·s LGBTQIA+ étaient donc plus susceptibles de recevoir peu de soutien social par rapport aux personnes hétérosexuelles/cisgenres, et avaient plus de probabilité de vivre de l’insécurité financière et/ou de déclarer plus de dépression et d’anxiété. Ces vécus négatifs semblaient cependant être réduits par des facteurs dits de protection personnelle comme la résilience, les loisirs ou la spiritualité ainsi que par des facteurs environnementaux tels que des groupes de soutien en ligne ou la participation à des pratiques sociales en modalité virtuelle.

Briser l’isolement social, une priorité

Dans ce projet, les expériences des personnes âgées LGBTQIA+ pendant la pandémie ont donc été intégrées dans un modèle de santé et de maladie spécifique à cette communauté. L’étude présente également des stratégies spécifiques pour améliorer la santé des personnes âgées LGBTQIA+, pour leurs familles et leurs proches, ainsi que pour les politiques sociales et communautaires. Par exemple, pour les personnes âgées LGBTQIA+ vivant de l’isolement social, des ressources en ligne ou des lignes téléphoniques peuvent aider à fournir un soutien à distance. Il est aussi important de fournir des ressources pour soutenir émotionnellement et financièrement les proches aidants responsables d’une personne âgée LGBTQIA+ en tenant compte de leurs réalités singulières, du stress, de l’isolement et de l’épuisement. Ces familles et personnes proches aidantes ne sont pas nécessairement liées d’un point de vue biologique. En conséquence, la planification à l’aide de directives de soins, de testaments ou encore de directives anticipées de visite à l’hôpital pourraient être nécessaires si un·e aîné·e LGBTQIA+ contractait la COVID-19 ou développait une maladie entraînant des difficultés à exprimer ses souhaits.

En ce qui concerne les politiques sociales et communautaires, soutenir la création de programmes virtuels dans les centres pour aîné·e·s destinés aux personnes âgées LGBTQIA+ a un impact positif sur leur santé. À titre d’exemple, les programmes d’exercices et de conditionnement physique étaient les plus populaires parmi les personnes âgées LGBTQIA+, ainsi que les groupes de discussion et de soutien, les programmes éducatifs et les programmes basés sur les arts. Enfin, le développement de programmes intergénérationnels peut également aider à briser l’isolement, à contrer l’âgisme au sein de la communauté LGBTQIA+ et ainsi renforcer le soutien par les pairs.

Source :
A Systematic Literature Review of the Impact of COVID-19 on the Health of LGBTQIA+ Older Adults: Identification of Risk and Protective Health Factors and Development of a Model of Health and Disease

https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00918369.2023.2169851

* Auteurs :

Alexander Moreno, Ph.D. (Départemant de Psychologie, Université de Montréal ; Centre de recherche de l’institut universitaire de gériatrie de Montréal, CIUSSS du Centre-Sud de-l’Île-de Montréal ; Notre-Dame Hospital, CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal)

Salima Belhouari, B.Sc. (Département de Psychologie, Université de Montréal)

Alexane Dussault, B.Sc. (Département de Psychologie, Université de Montréal)