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Revue systématique des gérontechnologies pour un soutien à domicile des personnes âgées et leurs proches aidants

Dr Alexander Moreno, chercheur clinicien associé au CRIUGM et professeur associé au Département de psychologie de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal a voulu identifier et évaluer les gérontechnologies testées pour le soutien à domicile chez des dyades de personnes âgées et de leurs proches aidants.

Pour ce faire et avec la collaboration de la professeure Gloria Gutman (Simon Fraser University), il a réalisé avec l’équipe* de son laboratoire INTECOG (Innovation, technologie et cognition) une revue systématique des publications scientifiques afin de synthétiser méthodiquement les connaissances portant sur cette thématique. C’est ainsi que plus de 2 000 articles ont été analysés, parmi lesquels 13 répondant aux critères d’inclusion ont été sélectionnés.

Les résultats indiquent que l’utilisation des gérontechnologies à domicile apporte de nombreux avantages pour les personnes âgées et leurs proches aidants en aidant à maintenir une certaine autonomie. Ces technologies permettent notamment de fluidifier la communication et d’atténuer le sentiment de solitude comme les plateformes Smarter Safer Homes et Social Connector qui se sont démarquées à ce niveau dans l’étude. En plus d’améliorer la communication, certaines agissent sur la réduction du stress en détectant d’éventuelles menaces telles qu’eHomecare et Domocare. En agissant sur les différents points cités, ces technologies améliorent ainsi la qualité des relations entre les aînés et leur tissu social.

Dr Alexander Moreno relève également des gérontechnologies qui renforcent le sentiment de sécurité et facilitent le travail des soignants, tels que les systèmes électroniques de soins à domicile ou encore les capteurs de risques de chute. Enfin, on peut citer des technologies comme ICMed, qui permettent d’aider à la prise de décision ou bien de gérer sa santé comme pour le cas de prise de médicaments par exemple.

Au-delà de ces bienfaits tangibles, les gérontechnologies comportent également leur lot de défis. Les personnes âgées et leur entourage relèvent des difficultés liées à leur emploi. En effet, elles éprouvent parfois du mal à acquérir les compétences nécessaires à l’usage de ces outils ou elles peuvent être confrontées à des problèmes techniques qui causent de fausses alertes et augmentent ainsi le niveau de stress des proches aidants. Des préoccupations ont également été émises concernant la vie privée, certains pouvant percevoir ces technologies comme une forme d’intrusion.

En conséquence, le développement technologique des gérontechnologies devrait prioriser la conception de solutions respectueuses de la vie privée des aînés, faciles à utiliser malgré les barrières physiques, sensorielles ou cognitives, et répondant aux besoins non satisfaits à domicile à l’aide d’un processus de co-construction. Ce processus est recommandé en recherche, car il implique les parties prenantes de la communauté, il documente les effets des interventions sur la qualité de vie et permet d’effectuer des évaluations à grande échelle pour démontrer que l’utilisation de l’outil peut être généralisée. Les résultats attestent aussi que pour une meilleure implantation de ces technologies, il est crucial de fournir une formation guidée aux personnes âgées, en tenant compte de leur niveau d’autonomie actuelle, pour qu’elles acquièrent de nouvelles compétences tout en évaluant les besoins et préférences des aidants familiaux. Enfin, au niveau des politiques publiques, il est essentiel d’offrir aux professionnels de la santé un accès à l’information et à la formation sur les gérontechnologies ainsi que de financer des études évaluant la rentabilité de ces interventions.

Article : https://www.frontiersin.org/journals/psychology/articles/10.3389/fpsyg.2023.1237694/full


* Équipe du laboratoire INTECOG dirigé par Dr Alexander Moreno

Kelly Acevedo
Department of Psychology, Université de Montréal, Montréal, QC, Canada
Centre de Recherche de l’Institut Universitaire de Gériatrie de Montréal, CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Montréal, QC, Canada

Célia Couve
Department of Psychology, Université de Montréal, Montréal, QC, Canada
Centre de Recherche de l’Institut Universitaire de Gériatrie de Montréal, CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Montréal, QC, Canada

Henrick Durce
Department of Psychology, Université de Montréal, Montréal, QC, Canada
Centre de Recherche de l’Institut Universitaire de Gériatrie de Montréal, CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Montréal, QC, Canada

Maria-Cristina Scola :
Centre de Recherche de l’Institut Universitaire de Gériatrie de Montréal, CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Montréal, QC, Canada
Department of Psychoeducation, Université de Montréal, Montréal, QC, Canada

Hua Sun
Department of Psychology, Université de Montréal, Montréal, QC, Canada
Centre de Recherche de l’Institut Universitaire de Gériatrie de Montréal, CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Montréal, QC, Canada