Ce 17 mai 2024, à l’occasion de la Journée Internationale contre l’Homophobie, la biphobie et la transphobie sous la thématique « Personne n’est laissé pour compte : égalité, liberté et justice pour tous », une équipe de recherche internationale a décidé de prendre la parole pour promouvoir la recherche sur la santé des personnes âgées lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queer/en questionnement, intersexuées, asexuelles et ayant d’autres orientations sexuelles et formes d’expression de genre (LGBTQIA+).
Sous la direction du Dr Riccardo Manca (Université Brunel au Royaume-Uni et Université de Parme en Italie), le directeur du laboratoire Innovation, Technologie et Cognition (INTECOG), Dr Jhon Alexander Moreno, chercheur-clinicien associé au CRIUGM et professeur associé au Département de psychologie de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal s’est joint au groupe de chercheur.e.s pour rédiger l’article afin de dresser l’état actuel de la recherche sur la santé neurocognitive des personnes âgées LGBTQIA+.
L’équipe de recherche également composée de la Dre Alessandra Nicoletti (Université de Catane, Italie), du Dr Neil J Henderson (Université du Cap-Occidental, Afrique du Sud) et du Dr Jason D Flatt (Université du Nevada, États-Unis) relève que plusieurs disparités de santé physique et mentale ont été documentées parmi les populations des minorités sexuelles et de genre (MSG).
De plus, par rapport aux personnes âgées hétérosexuelles et cisgenres, les personnes âgées MSG présentent des taux plus élevés de déclin cognitif subjectif. Les conditions sociales défavorables auxquelles peuvent être plus fréquemment confrontées les personnes âgées MSG pourraient expliquer ces disparités.
Cependant, il n’y a que très peu d’études sur la population âgée MSG. Si des études ont tenté de quantifier les différences de santé cognitive entre les personnes âgées MSG et non MSG, rares sont celles qui se sont concentrées sur les facteurs à l’origine des disparités potentielles. Il est donc nécessaire d’étudier les causes et facteurs de risque possibles susceptibles d’augmenter le risque accru de démence chez les personnes âgées MSG. Ceci peut être expliqué, entre autres, par le manque de données sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans les échantillons de personnes âgées, qui ne sont que très rarement recueillies dans la majorité des études épidémiologiques de cohortes. De plus, des études ont montré que la population âgée (+65 ans) s’identifie nettement moins en tant que MSG que les 16-24 ans.
Du fait d’une population très réduite, les chercheur.e.s Manca, Moreno, Nicoletti, Henderson et Flatt soulèvent alors la problématique de la généralisation des résultats qu’ils étendent également au manque de diversité ethnique et socioculturelle. En effet, dans les enquêtes quantitatives sur la santé cognitive des minorités sexuelles et de genre, les personnes non blanches sont par exemple systématiquement sous-représentées.
À travers cet article publié dans le Journal Frontiers in Human Neuroscience, l’équipe de recherche a souhaité faire un état des lieux du domaine émergent de la santé neurocognitive des personnes âgées MSG en donnant un aperçu des connaissances actuelles ainsi que des limites.
Les suggestions d’amélioration proposées pour répondre à ces lacunes, ont pour objectif de susciter une réflexion auprès des chercheur.e.s en vieillissement et des personnes responsables des études épidémiologiques sur les conséquences d’un manque d’inclusion dans leurs recherches. En effet, l’exclusion des variables d’analyse par rapport à la diversité sexuelle et de genre risque de causer la négligence d’une partie de la population et de contribuer aux inégalités sociales et d’accès pour les diverses populations vieillissantes.
Source :
Neurocognitive health in LGBTQIA+ older adults: Current state of research and recommendations
Riccardo Manca, Alexander Moreno, Alessandra Nicoletti, Neil J. Henderson, Jason D. Flatt
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnhum.2024.1394374/full